Et cette fois, mes prières furent acceptées car Olivier accepta. 

- Oh, oui! S'écria-t-il, heureux. 

     Sa réponse m'enchanta. J'avais enfin ce que je voulais! Un mari -ce qui impliquait l'argent-, et un enfant -nécessaire pour ma descendance, bien entendu.

     Impatients, nous décidâmes de nous marier immédiatement, même si cela du se faire dans une salle de bain. Nous n'avions, de toute manière, pas les moyens pour organiser un mariage dans les formes, surtout qu'Olivier laissait la très grande partie de sa "fortune" à sa meilleure amie. 

     Ainsi, nous fûmes liés... Jusqu'à ce que mort -ou infidélité- nous sépare. Malgré que mes sentiments pour Olivier n'étaient que plat et loin du grand amour, je me sentis réconfortée dans ses bras. J'avais bien choisi l'homme qui allait partager ma vie, je le savais. 

     Nous regagnâmes alors notre nouveau chez-nous, le foyer qui accueillerait nos enfants et nos petits-enfants... 

     Mais qui était bien modeste pour le moment! Olivier, que la taille de sa demeure devait bien changé de la maison dans laquelle il habitait auparavant, avait décidé de prendre un travail. J'utilisais l'excuse de ma grossesse pour ne pas en faire autant, sachant néanmoins pertinemment que je finirais par devoir trouver quelque chose pour ramener moi-aussi de l'argent à la maison... Ce qui ne m'enchantait guère.

    Après avoir découvert la maison, Olivier s'était rendu à la bibliothèque pour profiter des ordinateurs derniers cris dont nous ne pouvions nous permettre d'avoir. Et alors que je l'accueillais, il me raconta quelque chose d'incroyable -et d'absurde. 

- Je pénétrais dans la pièce, et que vis-je...! Dit-il, sous l'effet de l'allégresse. 

- La Faucheuse, la Grande Mort, la Preneuse d'Âmes elle-même! Divagua-t-il sous mon regard étonné. 

- Enfin Olivier, ne penses-tu pas avoir rêvé...? Peut-être que la fatigue qui t'assaillait t'a donné des hallucinations! Objectais-je. 

     Outré que je puisse mettre en doute ses paroles, il entreprit de me raconter l'entière histoire. 

- ...Nous avons même discuté! Avec la Mort! Te rends-tu compte? Se réjouis-t-il.

- Euhm... Eh bien oui, je m'en rends compte... Soupirais-je, gênée devant un tel engouement pour quelque chose qui m'était si étrange. 

     J'embrassais sa joue et lui sommais d'aller se coucher. La fatigue qui l'habitait devait être forte pour qu'il soutienne mordicus de telles sottises! 

     Je le suivais, terrassée par le fait de devoir porter ma descendance. La nuit fut bien rapide pour moi mais je crus bien entendre mon mari murmurer les mots "Faucheuse" et "Mort" régulièrement. J'espérais que cette manie le quitterait bien vite...

     La poêle et l’œuf furent dès la matinée très récalcitrants. Malgré toute ma bonne volonté dans l'apprentissage de la cuisine, les années où je n'avais jamais eu le besoin de toucher ce qui se rapportait à la nourriture -ma famille étant plutôt à l'aise grâce au travail de ma mère- furent une contrainte. 

     Je finis par produire un plat décent qui eut tôt fait de me remplir l'estomac. Olivier allait bientôt partir au travail et je ne savais que faire pour occuper mes journées... Mais je pensais avoir une idée. 

      Le petit-être qui grandissais dans mes entrailles fit alors des siennes, et, remuant, appuya sur mon estomac. Je rendis ainsi mon petit-déjeuner alors même que je venais de l'engloutir. La grossesse n'était véritablement pas le meilleur moment de ma vie.

     Olivier partit, je m'occupais de nettoyer les dégâts causés par mon ventre et me préparais pour sortir...